Un de nos confères révélait le 02 Août 2021, que les Services de la DGDI avaient réussi à démanteler un vaste réseau d’escroquerie dans lequel certains magistrats et greffiers du parquet de Libreville seraient impliqués. Selon des infos proches du dossier, c’est dame Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo, appelée communément maman Alpha, qui en serait le cerveau.
Le week-end dernier, une perquisition aurait été effectuée par les agents de la DGDI chargés de l’enquête au magasin et au domicile de l’intéressée.
Des sources proches de la DGDI, renseignent que cette perquisition aurait permis aux enquêteurs d’obtenir des preuves accablantes contre ce réseau mafieux.
Il s’agirait donc des documents des affaires pendantes en justice que les avocats des deux parties
concernées ne peuvent pas avoir, mais les consultent seulement chez les juges d’instruction chargés desdites affaires.
La découverte la plus troublante est celle d’un agenda dans lequel se trouverait les dates, les heures et les lieux de rencontres avec certains magistrats et greffiers du parquet de Libreville dont les noms et fonctions sont mentionnés, et des sommes d’argent remis à ces derniers en vue d’obtenir la liberté provisoire de certains détenus à la prison centrale de Libreville.
Modus operandi de Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo
Se prévalant de sa fonction de conseiller spécial du président de la république en service auprès du coordonnateur général des affaires présidentielles et de grande nganga du vaudou, rite traditionnel du Benin, Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo cible soigneusement des personnes ayant des démêlés avec la justice et qui ont des moyens financiers suffisants.
Celle-ci prend contact avec les intéressés ou leurs proches, les manipule en vue d’obtenir des fortes sommes d’argent aux fins de régler lesdits démêlés avec la justice. Ensuite, elle choisit pour ses victimes l’avocat qui sera chargé de suivre la procédure judiciaire auprès du tribunal, tout en leur demandant de reconstituer le ou les avocats qu’elles auraient choisis elles mêmes.
Puis, elle se rapprocherait des magistrats et greffiers en charge du dossier de ses victimes, les manipule également en promettant des promotions rapides dans leurs carrières grâce à sa supposée fonction à la présidence de la république et ses prétendues pouvoirs mystiques.
Et, après avoir persuadé ces derniers du succès de leur futur promotion administrative, elle leur remettrait une partie des fortes sommes d’argent qu’elle aurait au préalable obtenues de ses victimes.
C’est ce qui expliquerait la présence des documents contenues dans les dossiers d’instruction émanant des juges d’instruction retrouvés à son domicile lors de la perquisition effectuée par la DGDI.
Pressions subies par la DGDI
Depuis l’arrestation il y a une semaine, d’Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo et sa garde à vue pour les nécessités d’enquête, la DGDI subirait, semble-t-il, des fortes pressions aux fins d’altérer les résultats de l’enquête menés minutieusement.
Le patron de ce puissant service de renseignements, le colonel Bernard NGNAMANKALA, ne serait pas du genre à se laisser intimider ou influencer, ont affirmé des agents de la DGDI. Mais cette fois-ci, va-t-il céder à ces fortes pressions ?
Rien n’est moins sûr… surtout que des officiers généraux des Forces de Police Nationale seraient impliqués.
La réaction du ministre de la justice est attendue
On se souvient, il y a quelques années, un ancien ministre de la justice, Maître Francis N’kea avait déclaré face à la presse que certains magistrats et greffiers seraient corrompus… Ladite déclaration de l’ancien ministre de la justice avait suscité la colère du syndicat des magistrats à l’époque. Ces derniers avaient entamé une grève illimitée demandant la démission de Maître Francis N’kea en tant que ministre de la justice. Paralysant ainsi tout l’appareil judiciaire, cette grève avait contraint le premier ministre de l’époque à nommer Maître Francis N’kea, ministre dans un autre département ministériel.
Aujourd’hui, au regard de quelques bribes d’informations crédibles sur la perquisition effectuée par la DGDI au domicile d’Alphonsine Ndembi Tchetchenigbo, l’ancien ministre de la justice, Maître Francis N’kea, n’avait-il pas raison de parler de la corruption de certains magistrats ? L’actuel ministre de la justice, Erlyne Antonella Ndembet qui est magistrate de carrière, sera-t-elle tentée de protéger certains magistrats et greffiers soupçonnés de corruption dans ladite affaire par solidarité corporatiste ?
Dans tous les cas, la réaction du ministre de la justice est très attendue. Ce d’autant que pour Ali Bongo Ondimba, président de la magistrature suprême, la lutte contre la corruption constitue son cheval de bataille depuis sa réélection à la présidentielle d’août 2016. D’ailleurs, n’a-t-il pas créé un ministère dédié à la lutte contre la corruption ?
Ironie du sort, l’actuel ministre de la lutte contre la corruption est Maître Francis N’kea…