Initiée depuis 2020, la task force sur la dette extérieure poursuit ses travaux. Surfacturations, prestations partielles, voire inexistantes… selon toute vraisemblance, ses conclusions pourraient être proches de celles sur la dette intérieure qui avaient permis à l’Etat gabonais de mettre à jour le fait que les deux tiers de cette dette étaient en réalité fictifs et d’économiser ainsi plusieurs centaines de milliards de francs CFA.
7/10 de la dette intérieure revendiquée étaient en réalité fictive. Se dirige-t-on vers le même ratio s’agissant de la dette extérieure, c’est-à-dire celle détenue par les entreprises étrangères sur l’Etat gabonais ? La chose n’est pas à exclure au vu des premières constatations qui ont filtré des travaux de la task force sur la dette extérieure.
En prenant l’exemple des routes, on se rend compte que le Gabon est en passe de détenir le triste record des kilomètres les plus chers du monde. Entre le PK 5 et le PK 12, une entreprise a bitumé 6,430 kms pour près de 65 milliards de FCFA, ce qui revient à 10 milliards de FCFA le kilomètre !
A titre comparatif, à Libreville, le coût moyen d’un km construit récemment (projet réalisé sous financement de la BEAC) s’est élevé entre 800 000 millions et 1 milliard de FCFA, soit dix fois moins. Sur le tronçon entre le Pont POG-OMBOUE, le km a, lui, été facturé 2,5 milliards de FCFA, soit 4 fois moins.
Comme autre exemple, les lampadaires solaires. Son prix unitaire variant entre 250 000 et 300 000 FCFA, l’implantation de 5000 lampadaires solaires à Libreville (Oloumi, Lalala à droite, Akanda, derrière la Primature, etc.) et en province a été facturé à 1 million de FCFA l’unité !
Le constat est le même dans le domaine de la santé. Le coût moyen d’une clinique mobile est de 40 millions de FCFA, celles destinées au Gabon ont été facturée à 150 millions de FCFA.
Et la liste n’est guère exhaustive. La dette extérieure du Gabon est estimée à date à quelque 6000 milliards de FCFA. Celle-ci est détenue par des entreprises privées principalement, mais également par des entités agents publiques ou des cabinets d’études.
A l’évidence, la dette extérieure gabonaise n’est pas exempte de surfacturation. Et une partie pourrait s’avérer purement et simplement fictive, à l’instar de la dette intérieure.
Concernant cette dernière, suite aux conclusions rendues par la task force au premier trimestre 2021 (deux tiers de cette dette ont été déclarés fictifs sur près de 650 milliards de francs CFA audités), pour l’heure, aucune poursuite judiciaire n’a été entamée.
Mais ce pourrait être très prochainement le cas. L’Autorité nationale de vérification et d’audit (ANAVEA), placée sous l’autorité de la Présidence de la République, examine actuellement chacun des dossiers au cas par cas. Pour les entreprises dont les créances sont avérées mais qui ont des arriérés en termes de cotisations fiscales, sociales, etc., les montants dus seront déduits de leur paiement.