Reçu au grand journal télévisé de TF1, Jean Castex n’a pas marmonné à l’endroit de ceux qu’il accuse de relayer la haine de la France. Dans son viseur, figure également La France Insoumise, incriminée par le gouvernement de « complicité intellectuelle » avec l’islamisme et de liaisons avec la mouvance décoloniale. Deux courants qui ont pour point commun, sous des formes différentes, de préconiser la haine de la France.
« Beaucoup de gens nous trouvent trop naïfs. Que l’Etat droit laisse trop de libertés (à ceux qui veulent détruire la France) », fait remarquer la journaliste de TF1, exprimant en cela le point de vue de l’écrasante majorité des Français.
La réponse du premier ministre français : « Il faut faire deux choses majeures. La première, mener le combat idéologique. Cet ennemi cherche d’abord à nous diviser en répandant la haine, la violence, à rompre, à fracturer la communauté nationale. Je veux ici dénoncer toutes les compromissions qui ont eu cours pendant trop d’années ; les justifications à cet islamisme radical. Nous devrions ainsi nous auto-flageller, regretter la colonisation, ou je ne sais quoi encore », a vitupéré le premier ministre français.
Sans la citer explicitement, le chef du gouvernement français, nommé en juillet dernier, vise également La France Insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon dont la députée franco-gabonaise Danielle Obono est l’une des figures en France de l’idéologie indigéniste. Idéologie qui schématise avec exaction des individus, qui vante les remords de la France pour l’esclavage et la colonisation, qui dénonce un supposé « racisme systémique » au sein de la police française ou encore qui dénie de condamner les attentats commis en janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo.
La salve du premier ministre français fait suite aux accusations en « islamo-gauchisme » portées contre LFI par de nombreux membres du gouvernement (le ministre de l’Intérieur, de l’Economie, de l’Education nationale…), mais aussi par des responsables politiques de tous bords (les anciens premiers ministres socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, la vice-présidente du groupe La République en Marche à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, etc.) ou encore de très nombreux intellectuels.
Au lendemain de l’assassinat spécialement brutale du professeur d’Histoire-Géographie au collège, Samuel Paty, Me Richard Malka avait donc déclaré : « On ne peut être à la fois Obono et Charlie Hebdo ». « La parole s’est libérée, les langues se sont déliées, les masques commencent à tomber », mentionne un grand politologue français membre du CEVIPOF à Science Po Paris.
Un coup difficile pour Jean Ping
Le débat qui a lieu en France trouve un écho au Gabon. Danielle Obono, qui est une des figures de La France Insoumise et de l’indigénisme en France, est aussi l’une des égéries de la face radicale de la diaspora gabonaise en France, mais également la dragonne de transmission des tourments des opposants gabonais au sein du Parlement français, en premier Jean Ping qui fréquemment sollicite LFI pour en faire son porte-voix dans la dénonciation du pouvoir gabonais.
Le contentement, voire la « complicité intellectuelle » avec de LFI, aujourd’hui mise à nue et dénoncée par la quasi-totalité de la classe politique française, avec des courants idéologiques divers mais qui ont tous en commun de préconiser une haine de la France et in fine une forme de séparatisme, fait perdre tout crédit à ce qui était certainement le dernier levier d’influence du patron de la CNR à l’international.