Ayant quitté le pays depuis 2016, l’ancien ministre de l’Economie, devenu opposant a eu un entretien avec le chef de l’Etat ce mardi 28 juin.
A la sortie de l’entretien, qu’il a qualifié de « particulièrement chaleureux », Charles M’Ba s’est dit « rasséréné sur le fait que le président de la République a pour ambition d’accélérer le développement du pays sans mettre aucun Gabonais de côté ».
Les discussions ont tourné autour des conditions de vie des populations, un sujet sur lequel Charles M’Ba a concédé « des avancées notables », saluant notamment l’action des autorités pour « soutenir le pouvoir d’achat des ménages durant la période de Covid-19 ».
L’ancien ministre de l’Economie sous Omar Bongo Ondimba, toujours membre à cette heure de l’Union nationale (opposition), a reconnu qu’il pouvait y avoir des divergences entre l’opposition dont il est issu et la majorité. « Mais c’est par le dialogue que nous surmonterons ces divergences », a-t-il indiqué.
Charles M’Ba a par ailleurs déclaré qu’il se tenait à la disposition du président de la République pour « participer activement à l’élaboration du projet de société » que celui-ci devrait élaborer dans la perspective de l’élection présidentielle de 2023, ainsi qu’à « sa mise en œuvre ».
Pour Ali Bongo Ondimba et la majorité, il s’agit d’un nouveau coup de maître. Charles M’Ba, considéré comme un « esprit brillant », a toujours fait figure de « sage ». C’est donc une prise de taille. Pour l’opposition en revanche, l’Union nationale en particulier dont Charles M’Ba est issu, le coup est rude. Celle-ci ne semble plus en mesure d’enrayer l’érosion dans ses rangs.
Quantité d’opposants ont d’ores et déjà accepté d’intégrer le gouvernement, le Haut-commissariat rattaché à la présidence ou le PDG, à l’instar de l’ex-Premier ministre Jean Eyeghe Ndong, Féfé Onanga, Frédéric Massavala Maboumba (tous trois très proches de Jean Ping), Marcel Abeke, Rose Allogo Mengara ou encore nombre de figures des Démocrates, le parti de Guy Nzouba-Ndama (les ministres Jean-Norbert Diramba et Jean-Pierre Doukaga Kassa, le haut-commissaire Maxime Ondimba, etc.).
Et ce n’est qu’un début. « L’érosion dans les rangs de l’opposition va se poursuivre à mesure que l’on s’approche de la présidentielle de 2023. Manifestement, le PDG a tiré les leçons de la précédente élection de 2016 où le président s’était retrouvé esseulé », explique un professeur en science politique de l’Université Omar Bongo (UOB).
Pour cet ancien ministre, la décision de Charles M’Ba est à la fois « le signe de la vigueur du Parti démocratique gabonais que de la perte d’attractivité de l’opposition ». Sans véritable leader ni stratégie, cette dernière, dont le programme consiste à critiquer sans jamais véritablement proposer, aborde les échéances électorales de 2023 (la présidentielle mais aussi les législatives et locales) en position de faiblesse.