Officiellement, le Copil citoyen n’est plus un mouvement associatif mais un parti politique, pompeusement baptisé « Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction » (Réagir). Cela a été décidé ce weekend ses militants lors d’un congrès extraordinaire.
« Trois choses ne restent pas masquer longtemps. Le soleil, la lune et la vérité », aurait dit Buddha.
Ce weekend, les masques sont tombés. Alors qu’il jurait la main sur le cœur qu’il était bien un mouvement issu de la société civile, le Copil citoyen s’est transformé en parti politique.
La décision a été actée à l’occasion d’un congrès extraordinaire les samedi 19 et dimanche 20 mars.
L’ombre de Raymond Ndong Sima
Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction, c’est le nom de ce nouveau parti (Réagir en cygle) aura pour président François Ndong Obiang et pour secrétaire exécutif par Jean Valentin Leyama, deux piliers du Copil citoyen. Les autres membres du mouvement trustent les postes de direction. D’autres préfèrent, pour l’heure, en tout cas tirer les ficelles dans la coulisse. C’est le cas de l’ex-premier ministre Raymond Ndong Sima.
L’objectif à court terme de ce nouveau parti : présenter un candidat à la présidentielle, quand bien même ses dirigeants s’en défendent publiquement, préférant évoquer le « projet »
« Les partis d’opposition actuels pas assez attractifs »
Paradoxalement, cette annonce est davantage une bonne nouvelle pour la majorité que pour l’opposition comme le sous-entend un professeur en science politique de l’UOB. « L’opposition à l’heure actuelle est déjà très émiettée. Le fait qu’un nouveau parti se créé en son sein rajoute davantage à la dispersion. Et c’est aussi le signe que les partis actuels au sein de l’opposition ne sont pas suffisamment attractifs aux yeux de certains ».
Et l’universitaire de poursuivre : « Pour la majorité, à l’inverse, la situation présente un autre avantage. Les dirigeants du parti ne peuvent plus s’abriter derrière la bannière de la société civile, ce qui est souvent un avantage dans une partie de l’opinion et les médias, pour pousser leur agenda. Ils sont obligés de descendre dans l’arène politique ».
L’opposition gabonaise, dispersée façon puzzle
Au Gabon, la prochaine élection présidentielle est prévue en 2023. Le président sortant, même s’il n’a pas pour l’heure annoncé officiellement sa candidature, en est le grandissime favori. Ses adversaires partent en ordre de bataille dispersés : outre Jean Ping, Alexandre Barro Chambrier, Charles Mba, Mike Jocktane, Pierre-Claver Maganga Moussavou, l’UN partagé entre Missambo et Gondjout, probablement les Démocrates, un parti en voie de démantèlement, etc., de nouveaux acteurs émergent comme Appel à agir et le Copil citoyen qui vient de tomber le masque ce weekend et qui comptent bien ne pas faire que de la figuration à l’occasion de ce scrutin.