C’est hier mardi 12 avril, que le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), formation d’opposition dirigée par Alexandre Barro Chambrier, a demandé la libération du président de Dynamique unitaire, Jean Rémy Yama, incarcéré pour escroquerie dans le cadre de l’affaire SCI Serpentin, ainsi que sa réintégration dans les rangs de la Fonction publique. Une déclaration futile et creuse, qui n’a point produit l’effet escompté.
« Le Bureau politique du RPM a dénoncé les conditions de l’arrestation de M. Jean Rémy Yama. Il s’est insurgé contre son maintien en détention et exigé (sic !) sa libération immédiate ainsi que sa réhabilitation dans la Fonction Publique », indique un communiqué lu publiquement par le porte-parole 1 du parti, Pierre Ndong Meye.
Pour rappel, Jean Rémy Yama a été incarcéré fin février dernier suite à des plaintes pour escroquerie déposées par plusieurs professeurs d’université dans le cadre de l’affaire SCI Serpentin. Et s’il a été par la suite radié de la Fonction publique, ce n’est pas, comme l’affirment ses soutiens en raison de cette incarcération, mais du fait qu’il n’avait pas exercé sa profession d’enseignant depuis des années. En effet, depuis six ans, M. Yama n’a pas donné une seule heure de cours !
Mais de ces considérations, Barro Chambrier n’en a cure. A la peine politiquement, le président du RPM a entrepris d’agréger autour de sa personne des soutiens en vue de la présidentielle de 2023, élection lors de laquelle il espère être non pas le candidat unique de l’opposition celle-ci est trop divisée, mais à tout le moins son principal candidat.
D’où son soutien apporté à Jean Rémy Yama dont les affinités politiques sont connues de tous au Gabon au point, souvent, de le voir déborder des limites de son mandat de syndicalistes.
Pour autant, il n’est pas certain que cette main tendue, en apparence généreuse, en réalité intéressée, soit du goût de tous. « C’est une tentative de récupération politique qui n’aide pas Jean Rémy », dénonce l’un des leaders de DU.
« Iznogoud »
Ce n’est pas la première fois, loin de là, que le président du RPM se voit ainsi renvoyer dans les cordes. En novembre dernier, quelques minutes seulement après l’annonce de la victoire de Paulette Missambo lors de l’élection pour la présidence de l’Union nationale, Barro Chambrier avait appelée l’impétrante au « rassemblement ». Il s’était fait poliment renvoyé dans ses pénates.
En février dernier, ce sont les internautes qui s’était insurgé contre lui après qu’il a tenté de récupérer politiquement la mort de l’activiste blogguer Hervé Mombo Kinga.
Par ailleurs, Barro Chambrier est vertement critiqué par Jean Ping qui en privé le qualifie d’Iznougoud, référence au fait qu’il rêve en 2023 de prendre la place que Ping occupait en 2016. D’autres, notamment au sein d’Appel à agir, le traite d’ « incapable ». « Comment peut-on prétendre se faire élire président de la République à l’échelle du pays quand on est incapable de se faire élire député dans un fief qui lui a été apporté sur un plateau par son père », raille un des membres de ce collectif, élu d’Akanda, en référence aux élections législatives d’octobre 2018 lors desquelles Barro Chambrier avait essuyé une cuisante défaite dans sa « circonscription familiale » du 4ème arrondissement de Libreville.
Dans ces conditions, espérer réunir derrière lui l’opposition en 2023 apparait comme une entreprise plus qu’illusoire, totalement chimérique.