Mardi 20 juillet, les organisations professionnelles de travailleurs des secteurs privé et parapublic du Gabon ont fait part de leur volonté de déclencher une grève générale, quand bien même la réforme du Code du travail a été adoptée par le Parlement avant la clôture de sa session ordinaire. Initiative très controversée, notre rédaction vous livre ici les différentes raisons de l’échec probable de ladite grève.
Les menaces de grève générale lancées par certains syndicats passent mal au Gabon. Plusieurs raisons expliquent cet échec, mais nous focaliserons notre analyse sur seulement cinq.
D’abord, ce projet de loi est le fruit d’une concertation inédite en début d’année entre le gouvernement et les organisations syndicales, tant patronales que de travailleurs. Durant plusieurs semaines, les partenaires sociaux se sont retrouvés pour co-construire ce nouveau Code du travail.
Ensuite, ce Code du travail est plus protecteur que l’ancien code, notamment pour les droits des travailleurs à la formation ou à l’indemnisation en période de chômage. En effet, en prônant le statu quo, les organisations syndicales qui appellent aujourd’hui à la grève générale jouent contre leur camp. « C’est une posture. Il s’agit finalement de s’opposer pour s’opposer. Rien de plus », peste un représentant d’un syndicat qui ne participera pas à cette grève éventuelle.
Enfin, ladite loi a déjà été votée par le parlement, qui à travers ses représentants, incarne la volonté nationale. Pour les syndicats, ce n’est point le cas vu qu’ils souffrent d’une absence criante de représentativité : leur participation lors des élections syndicales est très faible. Cela s’explique également par par la forte politisation des syndicats qui souvent confondent syndicalisme et militantisme politique au détriment des intérêts des travailleurs.
A côté de ca, la menace de grève des syndicats est très controversée : ceux-ci ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Or, sans attendre la décision de la Haute juridiction, ils menacent de faire grève si la décision ne leur ait pas favorable. Or, comme le fait observer ce chef d’entreprise qui a participé aux négociations multipartites en janvier dernier, « il faut choisir. Soit on joue le jeu institutionnel et on en accepte de verdict, quel qu’il soit. Soit ce n’est pas le cas. Mais on ne peut pas jouer sur les deux tableaux comme le font ces syndicats », déplore-t-il.
En sus, la menace d’une grève générale exposée par les syndicats est, à l’évidence, moins la manifestation de leur force que de leur faiblesse. Incapable de convaincre leurs interlocuteurs, ils se résolvent souvent, en dernier recours, entamer dans la rue un bras avec, il faut l’avouer, rarement de succès.
Selon toute probabilité, il n’y aura pas d’exception cette fois-ci. L’image des syndicats, déjà passablement écornée au Gabon, en raison de leur réputation de faire peu de cas des intérêts réels des travailleurs, risque d’en ressortir un peu plus ternie.