Hier mardi 8 mars, Jean-Norbert Diramba et Jean-Pierre Doukaga Kassa, deux figures du parti d’opposition Les Démocrates, présidé par Guy Nzouba-Ndama ont fait leur entrée au gouvernement à la faveur d’un remaniement. Celui qui avait soutenu Jean Ping lors de la présidentielle de 2016 a, à son tour, décidé de s’en détourner. Un nouveau coup dur pour l’ex-leader de l’opposition qui fait face à une érosion inédite de ses soutiens.
Encore un nouveau coup dur pour Jean Ping.
À la faveur du remaniement gouvernemental intervenu ce mardi, Jean-Norbert Diramba et Jean-Pierre Doukaga Kassa ont été nommés ministres. Le premier, actuel maire de la commune de Mouila, hérite du ministère du Tourisme ; le second, député du 1er arrondissement de la commune de Tchibanga, du ministère de l’Économie numérique.
Si, de toutes celles qui sont intervenues dans le cadre du remaniement gouvernemental hier, mardi 8 mars, ces deux nominations sont aujourd’hui les plus commentées, c’est parce que les deux impétrants sont issus des Démocrates, de loin le principal parti d’opposition représenté à l’Assemblée nationale avec une dizaine de députés.
OPA amicale du PDG sur Les Démocrates
Pour les acteurs politiques, quelles que soient leurs attaches partisanes, c’est tout sauf une surprise. « Des contacts ont eu lieu depuis plusieurs mois déjà avec de très hauts responsables de la majorité », confirme un député du parti.
A son tour, Guy Nzouba-Ndama accepte la main tendue d’Ali Bongo Ondimba dont l’ambition est de « ramener à la maison les fils et filles d’Omar Bongo afin de construire un grand ensemble au profit des Gabonais », comme il l’a déclaré.
« De fait, il s’agit d’une OPA amicale du PDG vis-à-vis des Démocrates », explique un ministre très proche d’Ali Bongo Ondimba, qui connait bien Guy Nzouba-Ndama, et qui a servi de « facilitateur » en vue de la conclusion de ce « deal », pour reprendre ses termes.
Ce que confirme ce professeur en science politique. « Le timing n’est pas anodin. En acceptant que deux des principales figures du parti rejoignent à un an et quelque de la présidentielle le gouvernement, Guy Nzouba-Ndama apporte de fait, même implicitement, son soutien à Ali Bongo Ondimba en vue de la prochaine élection présidentielle prévue dans un an et quelques mois. Il pave, en outre, la voie vers une probable fusion entre le PDG et Les Démocrates. Une fusion qui n’est pas entre égaux puisque l’un est bien plus puissant que l’autre. C’est pourquoi on devrait aboutir à terme à une absorption », prédit l’universitaire, fin connaisseur des arcanes de la vie politique gabonaise.
Guy Nzouba-Ndama, futur vice-président ?
Une question brûle reste cependant en suspens : Quelle contrepartie ? Pour ce poids lourds du gouvernement, qui confesse son « amitié » en dépit de « divergences politiques par le passé » pour le président des Démocrates, la réponse est évidente. « Guy Nzouba-Ndama a le profil idéal pour être le futur vice-président », dit-il. Le poste, particulièrement guigné, reste à pourvoir depuis la révocation, il y a deux ans, de Pierre-Claver Maganga-Moussavou.
Selon certains, l’annonce pourrait être officialisée dans « les prochaines semaines ». En attendant, ce ralliement, véritable séisme du côté de l’opposition, est un coup très rude porté à un Jean Ping, déjà en perte de vitesse et qui fait face à une érosion inédite et interrompue de ses soutiens depuis bientôt deux ans (Frédéric Massavala, René Ndemezo’o Obiang, Féfé Onanga, Jean Eyeghe Ndong qui a été nommé Haut-commissaire de la République pas plus tard que la semaine dernière, etc.).
Les déclarations tapageuses de Jean Ping il y a une dizaine de jours sur France 24, et largement considérées comme irresponsables tant du côté de la majorité que de l’opposition, s’apparentent de plus en plus à un chant du cygne. Celui qui aurait aimé « mourir sur la scène politique », comme le confient ses proches, risque fort d’être poussé malgré lui vers la retraite.