Dans un courrier datant du mardi 13 octobre, l’archevêque de Libreville a renouvelé sa volonté de célébrer à nouveau des messes à compter du 16 octobre prochain, en dépit de l’interdiction d’ouvrir à nouveaux les lieux de culte ordonnée par les autorités afin de freiner l’épidémie de Covid-19. Une initiative qui provoque la désolation au Gabon et la répréhension au Vatican.
Errare humanum est, perseverare diabolicum. L’adage latin tient parfaitement tout son sens au bras de fer en cours à l’heure actuelle au Gabon, opposant l’Eglise catholique aux autorités.
Hier mardi, Mgr Jean-Patrick Iba-Ba a encore fait part de sa volonté de rouvrir les Eglises. Dans un courrier signé de sa main, il avise d’une série de messes qu’il compte célébrer à partir de ce vendredi 16 octobre (consulter document ci-dessous).
Au Gabon, une initiative de ce genre suscite la consternation et interroge. D’une part, elle désobéit totalement aux mesures décrétées par les autorités pour freiner la propagation de l’épidémie, du fait que les Eglises ont été parmi les premiers clusters responsables de la diffusion à grande échelle du Covid-19. D’autre part, elle intervient dans un contexte de recrudescence ailleurs dans le monde de la pandémie. Certains pays ayant relâché leur vigilance, en rouvrant notamment les lieux de culte, ont vu l’épidémie carboniser à nouveau. C’est en particulier, le cas en Europe où le virus semblait pourtant il y a quelques semaines encore sous contrôle.
« Certes, au Gabon l’épidémie de Covid-19 semble sous contrôle. Mais c’est grâce notamment aux mesures barrières prises très tôt par les autorités et qui ne sont levées que de manière très progressive », faisait état en début de semaine un responsable de l’OMS pour l’Afrique centrale. « Si la garde était baissée, l’épidémie pourrait repartir à nouveau, comme on le constate aujourd’hui dans beaucoup de pays dans le monde », ajoutait-il.
Attitude « irresponsable » selon le Saint-Siège
Si au Gabon, la volonté de l’Archevêque de Libreville engendre de nombreuses questions, au Vatican, elle suscite une franche réprimande. L’attitude de Mgr Iba-Ba, qualifiée d’« acharnement », est jugée à plus d’un titre « irresponsable ».
Au Saint-Siège, on ne cesse en effet de rappeler que la vie humaine passe avant l’exercice du Culte, que Dieu se trouve également dans le cœur et pas seulement dans les églises et, qu’enfin, à l’exemple du Pape François en février dernier qui avait observé les consignes strictes édictées par les autorités italiennes dans le cadre de la lutte contre le virus, les responsables de l’Eglise catholique doivent se soumettre et se conformer aux consignes délivrées par les autorités dans les différents pays concernés.
De part et d’autre, au Gabon comme au Vatican, le dossier est pris avec un sérieux tel que les ambassadeurs respectifs des deux Etats ont « abondamment échangés ces dernières heures », ont indiqué plusieurs sources.