La Francophonie est une organisation bâtie autour du français. Dans de nombreux pays d’Afrique francophones, de jeunes activistes se battent et rament à contre-courant des décideurs politiques considérés comme des « ambassadeurs » du système colonial. De là, certains analystes politiques africains tels que Bacary Domingo Mané et Sylvain Nguessan pensent que ladite francophonie est une tirelire pour Paris.
« Aujourd’hui, avec le discours des activistes, surtout pour ce qui est de la Francophonie, avec la discussion sur le franc CFA, nous avons vu que les Africains n’en veulent plus parce que c’est un instrument pour eux de domination », souligne M. Mané.
Ce dernier est convaincu que si le Gabon a pris la décision « de regagner le Commonwealth, en tout cas il y a cet aspect-là ». Dans le même sillon, Sylvain Nguessan explique à son tour, en rappelant le combat de « la société civile francophone qui est un peu fatiguée de la mainmise de la France, de Paris sur certains dossiers ».
« Vous connaissez un peu l’histoire de l’ECO. Tout le monde tombe d’accord à Abuja, de manière unilatérale Macron et Ouattara lancent le projet à Abidjan », se désole Nguessan.
Pour ce fin analyste politique, cette manière d’agir pousse les observateurs à percevoir « les pays francophones comme des caisses de résonance de Paris, des grands enfants qui sont incapables de prendre leur autonomie vis-à-vis de Paris ».
Et d’ajouter, « Cela agace un peu les leaders de la société civile francophone avec certains acteurs qui sont aujourd’hui au-devant de la scène, comme Kemi Seba, Natalia, les activistes maliens, etc. qui essaient de pousser nos dirigeants à prendre un peu leurs distances vis-à-vis de Paris. »
Quant à Bacary Domingo Mané, celui-ci est convaincu que l’Afrique doit bien prendre ses responsabilités et aller au-delà de ces regroupements régie par le tutorat anglais ou français.
« L’heure est venue pour les pays africains de sonner la rébellion, entre guillemets. C’est-à-dire prendre leur destin en main et orienter, diriger, imposer, prendre la direction qu’ils comptent administrer à leur vision de société », dit-il.
Avant de conclure, « C’est vrai qu’on ne peut plus vivre en autarcie, mais si l’Afrique veut vraiment s’émanciper, il faut voir d’autres types de regroupements où l’influence des anciens colonisateurs ne va plus peser »
Etant lassé de cette structure broyante qu’est la francophonie, certains se tournent vers la Russie comme on le voit en République centrafricaine (RCA) ou vers la Chine, comme on le voit un peu avec les pays de l’est et une partie des pays de la CEDEAO.
« La révolte a sonné et certains pays africains qui veulent s’émanciper se disent qu’il faut qu’ils changent carrément de fusil d’épaule. Donc, on doit comprendre cette décision d’un pays comme le Gabon et d’autres s’en suivront. Il faut le dire », prophétise Bacary Domingo Mané.
En indiquant, « Au-delà de l’économie, c’est vraiment un problème politique parce que nous avons aujourd’hui la volonté affichée des pays africains de s’émanciper d’un certain type de management qui les contraint, les écrase et ne les respecte pas »
Monsieur Mané estime que « nous sommes aujourd’hui dans un espace où les rapports doivent être des rapports identitaires, en termes de partenariats et de respect mutuel ».
Pour lui, cette situation de « révolte », occasionnant des « départs » de ses membres vers le Commonwealth, « doit attirer l’attention des dirigeants de la Francophonie »