C’est lors du deuxième jour, correspondant à la fin de son procès pour détournement présumé de fonds publics, concussion et blanchiment de capitaux dans le cadre de l’Opération Scorpion, que de brûlantes tensions ont éclaté entre l’ex-directeur général de la CNAMGS et ses avocats.
Au deuxième jour du procès, il y a eu un désaccord total entre Renaud Allogho Akoué et ses conseillers s’agissant de la stratégie de défense à adopter.
De fait, tandis que les seconds cités voulaient étendre une stratégie proche de celle des précédents accusés, comme celle de Patrichi Tanasa, le premier mentionné n’en a pas voulu.
Ladite stratégie consistait à faire diversion. Autrement dit, à instruire le procès du « régime de Libreville » pour tenter de faire passer au second plan le véritable enjeu du procès, donc faire la lumière sur les vastes détournements de fonds reprochés à ceux qui se succèdent à la barre.
Prônée par les avocats, cette méthode reposait sur un élément essentiel, notamment la mise en cause du président et de sa famille. Plus précisément, de son épouse Sylvia et son fils ainé, Noureddin Valentin Bongo. Mais l’ex Directeur de la CNAMGS s’est opposé à celle-ci de façon catégorique.
L’ex DG de la CNAMGS a observé cette attitude durant les deux premiers jours de son procès. En effet, Il est premier à être mis en cause dans le cadre de cette session criminelle devant la Cour criminelle spécialisée de Libreville à ne pas porter d’accusations contre le couple présidentiel et leur fils ainé.
Pas de conférence de presse-spectacle pour ses avocats
« Renaud Allogho Akoué a gardé une attitude constante depuis fin 2019, au moment de son incarcération. Il a en particulier interdit à ses avocats de tenir des conférences de presse-spectacle pour y dénoncer, avec force propos tapageurs, ses conditions de détention ou jeter le discrédit sur l’institution judiciaire », explique une source proche du dossier.
L’autre point contradictoire entre lui et ses avocats, est la posture à adopter à l’endroit de Brice Laccruche Alihanga qui apparait dans cette affaire comme le donneur d’ordres ou le « deus ex machina », pour reprendre l’expression utilisée par une source judiciaire.
Parallèlement aux conseils de ses défenseurs durant l’instruction, M. Allogho Akoué n’a pas hésité à déclarer, à l’inverse des autres accusés, qu’il recevait ses ordres de l’ex-directeur de cabinet de la Présidence pour ce qui concerne la CNAMGS et de Tony Ondo Mba, le bras droit de « BLA », pour ce qui relevait de l’AJEV.
Les avocats claquent la porte
Les discordances entre l’ex-DG de la CNAMGS et ses avocats sont telles que, durant la première journée d’audience, quand l’accusé a évoqué les frères Laccruche, Brice et Grégory, l’un de ses conseils est sorti de la salle en claquant la porte. Le second, quant à lui, a sabordé la deuxième journée d’audience.
Pour les observateurs, experts du dossier, Renaud Allogho Akoué pourrait n’écoper que d’une peine réduite et recouvrer la liberté à l’issue du délibéré attendu ce vendredi. La somme qu’il aurait détourné durant les deux ans passés à la tête de la CNAMGS, entre octobre 2017 et novembre 2019, ne représente au final « que » 600 millions de francs CFA.
« Une somme importante dans l’absolu mais une goutte d’eau par rapport à ce qui est reproché à d’autres dans de dossier », explique une source judiciaire.