Une tribune « anonyme » publiée hier sur le site internet GabonReview, nous apprend que le collectif d’opposants Appel à agir tente par tous les moyens d’exploiter le rapprochement amorcé par Jean Eyeghe Ndong vis-à-vis du président Ali Bongo Ondimba afin d’écurer la planche de la Coalition de la Nouvelle République (CNR) et tenter de s’approprier le statut de candidat leader de l’opposition en vue de l’élection présidentielle de 2023, jusque là détenu par Jean Ping.
On savait que l’opposition gabonaise était divisée, mais cette fois-ci, elle est fracturée.
A deux ans de l’élection présidentielle, la guerre de positionnement sévit dans cette partie de de l’échiquier. Pour cause, la place de candidat leader de l’opposition lors de ce scrutin.
Il existe une concurrence intense entre ces deux générations : d’un côté la vieille, celle réunie autour de Jean Ping, et de l’autre côté, celle des jeunes loups aux crocs acérés, réunis au sein du collectif Appel à agir.
Dans cette guerre, tous les coups sont permis. Comme exemple récent, la publication d’une tribune au vitriol critiquant avec véhémence Jean Eyeghe Ndong, un des plus proches collaborateurs de Jean Ping, qui a entamé un rapprochement par rapport à son ancienne maison. De fait, à sa demande, l’ex premier ministre a été reçu la semaine dernière par le président de la République Ali Bongo Ondimba.
« La rencontre du 9 juin courant soulève une question centrale : la capacité des leaders de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) à résister aux pressions, mesures de rétorsion et autres mesquineries. Au-delà, elle jette le doute sur la pertinence de la stratégie de Jean Ping », écrit l’auteur de cette tribune.
Mais plus que le message, c’est le messager qui retient l’attention. Cette tribune, rédigée sous un pseudonyme quelconque, a été publiée sur Gabon Review, un site internet dirigé par François Ndjimbi dont le frère, Franck Ndjimbi, est l’un des membres d’Appel à agir.
Pour rappel, depuis la création de ce collectif, Gabon Review fait de facto office de porte-voix du mouvement. Il y a deux ans, alors que le président Ali Bongo Ondimba était convalescent suite à un AVC survenu en octobre 2018, le site internet avait été à la pointe du combat pour la constatation de la vacance du pouvoir. Celui-ci offre, par ailleurs, quel que soit le sujet, une généreuse exposition à Me Anges Kevin Nzigou, lui aussi membre d’Appel à agir, n’hésitant pas, dans des articles aux allures de chansons de Rolland, à glorifier ses exploits professionnels ou politiques.
En 2016, l’opposition gabonaise avait réussi le tour de force de s’unir autour d’un candidat unique, ce qui ne l’avait pas empêché toutefois de s’incliner. Au fur et à mesure que l’on s’approche de 2023, cette option parait plus qu’illusoire, totalement chimérique.